Une histoire vraie : une vraie histoire : Mimi's story

Chronique d'une vie ordinaire pas si ordinaire 39

13 novembre 2007

 

Ce jour commence comme les autres ou presque… Je me lève, fais un peu de ménage au rez-de-chaussée (balai, serpillière, poussière), m'occupe des animaux, puis je décide, bien que ma jambe gauche me fasse un peu souffrir, d'aller repérer l'endroit de la clôture par lequel Volga avait pu s'échapper la veille. J'y vais doucement, serrant mon manteau contre moi parce qu'il faisait froid. Lorsque je reviens, j'arrive sur le pas de la porte d'entrée côté cuisine quand je suis saisie par une douleur fulgurante dans ma jambe : Impossible de faire un pas. Je serre les dents en me disant qu'il faut que j'avance dans la maison et j'arrive à me traîner au prix d'un effort surhumain jusque dans le salon ou plus exactement, je me laisse tomber sur le canapé. Là, je reste pétrifiée par la douleur.

J'ai froid, très froid. Je regarde le radiateur : inatteignable et je me dis que je vais mourir de froid. Que faire ? J'ai très mal.

 

Je me dis que si j'appelle les pompiers, ils vont devoir enfoncer une porte car je suis enfermée à l'intérieur ; Je décide donc d'appeler Laetitia qui viendra rapidement après avoir prévenu Christian et le médecin. Celui-ci, lorsqu'il arrive est inquiet et prend des dispositions téléphoniques pour que je sois reçue au plus vite à la clinique Ch.. Me mettre dans la voiture a été une épreuve terrifiante pour Christian et moi. La seule solution a été de me hisser sur une chaise et de la pousser devant le salon, puis dans la voiture dont la portière était ouverte. Heureusement que j'avais un petit sac de voyage avec quelques effets prêt à toute éventualité depuis quelques années . A la clinique Ch., fauteuil roulant, direction le service de rhumatologie du Dr V. qui m'a reçue rapidement. Il a vite pris la mesure de la situation, fait faire des radios. Lorsque le radiologue m'a dit de me rhabiller, j'ai pensé que j'avais tellement mal que j'étais prête à accepter même une piqûre avant de rentrer à la maison Le courage total… ! Aussi quand après avoir examiné les radio, le médecin dit tranquillement qu'il était évident qu'il me gardait et qu'il commence à annoncer le détail du programme à venir, j'ai cru qu'il s'agissait d'une mauvaise plaisanterie : infiltrations, élongations, perfusions, calmants de toutes sortes, etc… Le diagnostic :sciatique paralysante. De toutes façons, la douleur était telle que je ne pouvais pas bouger ma jambe : elle irradiait derrière le genou jusqu'au pied en passant par le mollet. Dès que j'ai été dans un lit, ça a mieux été sauf quand il a fallu commencer par ma hantise : les piqûres, les prises de sang, etc.

La première nuit a été difficile : impossible de se lever tant à cause de la douleur que de son traitement. J'étais clouée comme un papillon sur son lit avec la perfusion. Dur d'être obligée de sonner pour demander un bassin et que l'infirmière ou l'aide-soignante vous découvre sans soin pour le glisser sous vos fesses pendant que la porte de la chambre reste ouverte. Est-il pensable que personne ne vous propose une feuille de papier toilette pour vous essuyer, et encore moins une lingette humide pour vous essuyer les mains après ? C'est la quatrième dimension. Le pire restait à venir.

 

Cette nuit-là, l'infirmière a  oublié d'éteindre le plafonnier central : j'ai passé la nuit sous ce projecteur, tentant de me cacher sous l'unique couverture en priant pour qu'elle revienne : elle n'est jamais revenue sauf au petit matin. Entre temps, j'avais grelotté de froid car le radiateur n'avait pas été allumé : les premiers pas vers l'enfer ou la guérison ?

 

Le lendemain, j'ai fait un scanner : mauvais souvenir.

Un brancardier est venu me chercher longtemps à l'avance et a poussé mon fauteuil dans une petite salle d'attente vide : ça n'était pas plus mal puisque les autres étaient surchargées et vu que j'étais arrivée en urgence, c'était déjà bien qu'on puisse me prendre entre deux personnes. J'avais juste peur qu'on m'oublie là. J'ai attendu peut-être une heure, peut-être davantage. Enfin, on est venu me chercher. C'est une fille qui était l'opératrice. Brièvement, elle m'a demandé de m'installer sur la table du scanner. Il m'était impossible de le faire seule puisque je ne pouvais absolument pas m'appuyer sur ma jambe gauche. Je le lui ai dit et elle m'a dit qu'il fallait que je me débrouille ! ensuite, grosse crise d'angoisse. Je suis claustrophobe et lorsque j'ai vu le gros rouleau s'approcher de moi, j'ai dû déployer des efforts d'imagination énormes pour ne pas céder à la panique. Pourtant, une seule chose aurait suffi : entendre une voix qui m'aurait expliqué ce qui allait se passer.. Le simple son d'une voix aurait suffi à me calmer, ou alors une pancarte expliquant le processus.. Rien de tout cela. Une voix impersonnelle m'a intimé l'ordre de ne plus respirer, puis de respirer à nouveau : Tout était mieux que le  silence et l'angoisse. Ensuite, j'ai dû me débrouiller pour redescendre seule de la table et me glisser dans mon fauteuil. La charmante opératrice m'a poussée alors au beau milieu du couloir bondé de monde (il était 17 h : probablement le moment où le plus de monde traverse dans un sens ou dans l'autre la clinique). Elle m'a dit qu'on allait venir me chercher pour me ramener dans ma chambre. Je suis restée là, comme un ballot de linge sale, en tenue de lit au milieu de tous ces gens habillés qui se croisaient. J'étais au bord des larmes et de la fatigue. Au bout d'une vingtaine de minutes, je ne pouvais plus y tenir. J'ai appelé les filles qui étaient derrière leur comptoir et qui pouvaient me voir. J'ai demandé qu'au moins on me mette sur un côté ou dans une salle d'attente ? Elles ont marmonné d'une manière pas très aimable devant mon … impatience ! Elles ont fini par appeler un brancardier qui est arrivé environ 15 autres minutes plus tard ! Il m'a demandé dans quelle chambre j'étais : 408. La tête ailleurs sans doute, il a appuyé sur le bouton qui allait au 1er étage ! là, un groupe de personnes s'est engouffré dans l'ascenseur : elles allaient… dans les sous-sols !

 

  • Pas grave, nous avons le temps

 

a répondu mon brancardier… Inutile de dire que lorsque nous sommes enfin arrivés au 4ème étage, je n'avais qu'une envie : pleurer.

 

Il y a des jours comme ça….

 

 

Le lendemain, j'ai subi ma première infiltration. J'étais terrorisée mais en fait, ça s'est plutôt bien passé. La seconde m'a laissé un souvenir moins agréable avec bcp de douleurs dans le dos, mais il faut souffrir pour espérer guérir…

 

Le surlendemain, j'ai découvert les joies de l'élongation : là aussi, ça été plutôt une bonne surprise.. la première fois. Je m'attendais au pire, donc, ça a été. Le jour suivant par contre, le kiné a tellement serré les sangles qui me maintenaient sur la poitrine que mes côtes flottantes en ont été meurtries et me font encore mal aujourd'hui. Il paraît que ça arrive souvent. Pour les prochaines séances, je le lui ai signalé et il a moins serré heureusement.

Entre temps, j'ai eu la bonne idée un moment d'inaction et il y en avait un certain nombre, de regarder la boite de mes médicaments préparés pour la journée du lendemain et là, grand coup de stress : j'ai réalisé qu'on n'avait pas prévu mon comprimé d'Avlocardyl, un bêta-bloquant que je prend depuis 25 ans contre l'hypertension et que je ne peux pas me permettre d'oublier un seul jour : c'est vital. Pour preuve, lorsque je  subis une intervention chirurgicale, on me le fait prendre avant l'opération ! J'appelle l'infirmière qui vient, hausse un sourcil, vérifie l'ordonnance et voit que le comprimé est bien prescrit. Elle repart et revient avec la boite en disant : voilà.

Oui, voilà pour demain mais pour aujourd'hui ? Est-ce que vous me l'avez donné ? j'ai pris tellement de médicaments depuis que je suis là que je n'ai pas vérifié moi-même. La panique monte en moi. Elle me dit :

 

  • Je suppose qu'on n'a pas fait deux fois la même erreur !

 

Vous supposez ? ça ne me suffit pas ! je veux en être sûre sinon, je vous demande de m'en donner un autre : je préfère le cas échéant en prendre deux que pas du tout, c'est moins risqué. Il n'en n'est pas question a t'elle répondu Ah oui ? Et moi je suis supposée rester là à attendre qu'il se passe quelque chose ? le cachet pour demain est désormais là dans la boite. Je décide de l'avaler. Pour demain, je demande à Christian de m'en ramener de la maison, mais là aussi je suis en colère et pas rassurée, à l'affût du moindre signe anormal.  Entre temps, je prend une feuille de papier et j'écris ce qui vient de se passer.. On ne sait jamais c'est dire si j'ai le moral : S'il m'arrive quelque chose, je veux qu'on sache ce qui s'est passé. Merde alors, pourquoi il m'arrive tout ça ? Est-ce que je deviens paranoïaque ? J'ai perdu toute ma confiance. Je suis fatiguée car je n'ai pu dormir que 3 heures maximum chaque jour de la semaine : une fois que la perfusion était enlevée, je pouvais prendre mon 'Stilnox', mais il y avait probablement une interaction entre tous les médicaments et là, j'étais réveillée comme en plein jour. J'avais l'impression d'être une chouette. Mes yeux tenaient grand ouvert comme tenus par d'invisibles allumettes : Effarant ! J'ai vu tous les programmes de la télé, manœuvré la télécommande du lit dans toutes les positions…. Lorsque je me suis enfin endormie, j'ai dû sortir de mon sommeil : les lumières qui s'allumaient, le bruit des chariots qui s'entrechoquaient, les voix, les pas…. Prise des températures, vérification de la tension, médicaments à avaler, petit déjeuner qu'on amène, plateau qu'on remmène, ménage de la chambre, rangement,.passage du médecin, pose de la perfusion, descente chez les kiné, repas, éventuellement le téléphone qui sonne, les visites : Bref : pas un instant pour risquer de s'endormir ! Vivement le retour à la maison.

 

Les infirmières de nuit…

 

J'ai découvert une espèce que je croyais en voie de disparition : les couples de bonnes copines qui sévissent la nuit. C'est amusant : elles arrivent à se ressembler physiquement : sans doute pour cela qu'elles forment une équipe, mais qu'en est-il des malades ? Je veux parler de ces gens qui sont allongés dans les lits du service plutôt que d'être chez eux dans leur famille et qui ont mal pour la plupart. Pas de pitié pour les malades ! personne ne soupçonne qu'ils pourraient éventuellement avoir envie sinon besoin de se reposer. On ouvre et referme les portes sans  ménagement. On parle haut. On s'appelle d'une chambre à l'autre ou d'un bout à l'autre du couloir. On rigole, on échange. J'ai eu peur le premier soir lorsque celle qui était dans ma chambre a vu Nicolas Sarkozy à la télévision et l'a accablé de toutes les critiques possibles et imaginables. Malgré la douleur, j'avais du mal à ne pas lui demander de la fermer mais je dois avouer que j'ai eu peur des possibles représailles : Elle était debout, j'étais allongée et donc vulnérable. Il m'a fallu me taire….

 

Que dire, sinon sourire avec fatalisme, lorsque la même infirmière vous amène un anti-douleur qu'elle verse dans votre verre positionné sur la table de chevet à votre gauche, qu'elle n'a pas l'idée de verser elle-même la dose d'eau nécessaire et que vous êtes là incapable de bouger à cause de la perfusion ?

 

Au sujet de la perfusion du samedi soir, je m'en souviendrai longtemps. Heureusement, c'était le soir de la Star Academy. Vers 22 h 30, le système s'est bloqué. J'ai sonné. L'infirmière est venue, a remis le truc en route et m'a dit (au cas où j'en aurai eu l'intention) :

 

Pas besoin de sonner lorsque ce sera terminé. Je sais combien de temps il reste et je reviendrai l'enlever.

 

Bon.

 

Le liquide finit de s'écouler et j'attends, le bras tendu.. 15 min, 20 min, 30 min.. Le temps me semble long. Je m'énerve. Pour passer le temps, je suis en ligne directe avec le 72, rue Watteau… Nous comptons les minutes… Laetitia me dit : Sonne !  et moi, je me dis : non, j'attends encore.

 

J'attends combien de temps ? 40, 45 minutes. Une fois de plus, j'ai les nerfs qui craquent. Je commence à en avoir marre de tout ça.

Lorsqu'au bout d'une heure (il est quand même 23 h 30 et je suis crevée : normal : depuis 5 h 30 du matin !), je sonne. L'infirmière vient et me dit :

 

  • Oh ! ça m'était sorti de la tête !

 

Mais pas de mon bras !!!

 

Les boules et on dit que je ne suis pas patiente ?????

 

Enfin, « last but not least »… la nourriture :

 

Je suis gourmande mais je sais être indulgente selon les circonstances : Ce n'était pas un hôtel, un centre de relaxation mais une clinique, mais quand même, là aussi, j'ai joué de malchance. Pendant mon séjour, j'ai eu droit 3 fois à des repas sans sel alors que cela n'était pas justifié. Manger sans sucre ne me demande pas d'efforts : sans sel : c'est le régime le plus efficace : Immangeable. J'ai quand même demandé le pourquoi de la chose. Après vérification, on s'est aperçu qu'il s'agissait d'une erreur. On m'a gentiment amené un petit sachet de sel. Avez-vous jamais essayé de saupoudrer une tranche de pain avec du sel fin ? ou encore une tranche de mimolette ? Pas possible. On m'a apporté un yaourt : je n'ai même pas eu envie de sourire : je suis allergique à la plupart des yaourts.

 

 

Un jour, il y avait un kiwi : Lorsque je l'ai saisi dans ma main, il était tout mou : beurk !

 

Par contre, le soir où j'ai eu : une salade en entrée, puis une autre salade avec un croque-monsieur dans lequel il y avait une demi-tranche d'épaule  (seul le centre du croque était mangeable), le reste était si sec que je ne pouvais pas le découper avec mes couverts : cette nuit-là, j'ai vraiment rêvé de nourriture : même un morceau de pain aurait fait l'affaire.

Pour le dîner du dernier soir, j'ai eu droit (encore une erreur) à un nouveau repas sans sel : Laetitia a eu pitié de moi et m'a apporté un « Menu Big Mac » : Jamais je n'ai autant apprécié un hamburger : J'avais vraiment faim et je l'ai savouré jusqu'à la dernière miette et sans remords.

 

Le comble, c'est qu'un soir la nourriture était vraiment insipide et je n'avais touché à rien malgré ma fringale. La jeune fille est venue récupérer le plateau et sans le regarder m'a dit :

 

  • Oh ! vous avez tout mangé, c'est bien !

 

Elle me prend pour une conne ou quoi ???

 

Tout cela pour dire qu'il vaut mieux ne pas être malade ou avoir une famille très attentive autour de vous. Bonne chance !

 



11/01/2008
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