Une histoire vraie : une vraie histoire : Mimi's story

Chronique d'une vie ordinaire pas si ordinaire 39

13 novembre 2007

 

Ce jour commence comme les autres ou presque… Je me lève, fais un peu de ménage au rez-de-chaussée (balai, serpillière, poussière), m'occupe des animaux, puis je décide, bien que ma jambe gauche me fasse un peu souffrir, d'aller repérer l'endroit de la clôture par lequel Volga avait pu s'échapper la veille. J'y vais doucement, serrant mon manteau contre moi parce qu'il faisait froid. Lorsque je reviens, j'arrive sur le pas de la porte d'entrée côté cuisine quand je suis saisie par une douleur fulgurante dans ma jambe : Impossible de faire un pas. Je serre les dents en me disant qu'il faut que j'avance dans la maison et j'arrive à me traîner au prix d'un effort surhumain jusque dans le salon ou plus exactement, je me laisse tomber sur le canapé. Là, je reste pétrifiée par la douleur.

J'ai froid, très froid. Je regarde le radiateur : inatteignable et je me dis que je vais mourir de froid. Que faire ? J'ai très mal.

 

Je me dis que si j'appelle les pompiers, ils vont devoir enfoncer une porte car je suis enfermée à l'intérieur ; Je décide donc d'appeler Laetitia qui viendra rapidement après avoir prévenu Christian et le médecin. Celui-ci, lorsqu'il arrive est inquiet et prend des dispositions téléphoniques pour que je sois reçue au plus vite à la clinique Ch.. Me mettre dans la voiture a été une épreuve terrifiante pour Christian et moi. La seule solution a été de me hisser sur une chaise et de la pousser devant le salon, puis dans la voiture dont la portière était ouverte. Heureusement que j'avais un petit sac de voyage avec quelques effets prêt à toute éventualité depuis quelques années . A la clinique Ch., fauteuil roulant, direction le service de rhumatologie du Dr V. qui m'a reçue rapidement. Il a vite pris la mesure de la situation, fait faire des radios. Lorsque le radiologue m'a dit de me rhabiller, j'ai pensé que j'avais tellement mal que j'étais prête à accepter même une piqûre avant de rentrer à la maison Le courage total… ! Aussi quand après avoir examiné les radio, le médecin dit tranquillement qu'il était évident qu'il me gardait et qu'il commence à annoncer le détail du programme à venir, j'ai cru qu'il s'agissait d'une mauvaise plaisanterie : infiltrations, élongations, perfusions, calmants de toutes sortes, etc… Le diagnostic :sciatique paralysante. De toutes façons, la douleur était telle que je ne pouvais pas bouger ma jambe : elle irradiait derrière le genou jusqu'au pied en passant par le mollet. Dès que j'ai été dans un lit, ça a mieux été sauf quand il a fallu commencer par ma hantise : les piqûres, les prises de sang, etc.

La première nuit a été difficile : impossible de se lever tant à cause de la douleur que de son traitement. J'étais clouée comme un papillon sur son lit avec la perfusion. Dur d'être obligée de sonner pour demander un bassin et que l'infirmière ou l'aide-soignante vous découvre sans soin pour le glisser sous vos fesses pendant que la porte de la chambre reste ouverte. Est-il pensable que personne ne vous propose une feuille de papier toilette pour vous essuyer, et encore moins une lingette humide pour vous essuyer les mains après ? C'est la quatrième dimension. Le pire restait à venir.

 

Cette nuit-là, l'infirmière a  oublié d'éteindre le plafonnier central : j'ai passé la nuit sous ce projecteur, tentant de me cacher sous l'unique couverture en priant pour qu'elle revienne : elle n'est jamais revenue sauf au petit matin. Entre temps, j'avais grelotté de froid car le radiateur n'avait pas été allumé : les premiers pas vers l'enfer ou la guérison ?

 

Le lendemain, j'ai fait un scanner : mauvais souvenir.

Un brancardier est venu me chercher longtemps à l'avance et a poussé mon fauteuil dans une petite salle d'attente vide : ça n'était pas plus mal puisque les autres étaient surchargées et vu que j'étais arrivée en urgence, c'était déjà bien qu'on puisse me prendre entre deux personnes. J'avais juste peur qu'on m'oublie là. J'ai attendu peut-être une heure, peut-être davantage. Enfin, on est venu me chercher. C'est une fille qui était l'opératrice. Brièvement, elle m'a demandé de m'installer sur la table du scanner. Il m'était impossible de le faire seule puisque je ne pouvais absolument pas m'appuyer sur ma jambe gauche. Je le lui ai dit et elle m'a dit qu'il fallait que je me débrouille ! ensuite, grosse crise d'angoisse. Je suis claustrophobe et lorsque j'ai vu le gros rouleau s'approcher de moi, j'ai dû déployer des efforts d'imagination énormes pour ne pas céder à la panique. Pourtant, une seule chose aurait suffi : entendre une voix qui m'aurait expliqué ce qui allait se passer.. Le simple son d'une voix aurait suffi à me calmer, ou alors une pancarte expliquant le processus.. Rien de tout cela. Une voix impersonnelle m'a intimé l'ordre de ne plus respirer, puis de respirer à nouveau : Tout était mieux que le  silence et l'angoisse. Ensuite, j'ai dû me débrouiller pour redescendre seule de la table et me glisser dans mon fauteuil. La charmante opératrice m'a poussée alors au beau milieu du couloir bondé de monde (il était 17 h : probablement le moment où le plus de monde traverse dans un sens ou dans l'autre la clinique). Elle m'a dit qu'on allait venir me chercher pour me ramener dans ma chambre. Je suis restée là, comme un ballot de linge sale, en tenue de lit au milieu de tous ces gens habillés qui se croisaient. J'étais au bord des larmes et de la fatigue. Au bout d'une vingtaine de minutes, je ne pouvais plus y tenir. J'ai appelé les filles qui étaient derrière leur comptoir et qui pouvaient me voir. J'ai demandé qu'au moins on me mette sur un côté ou dans une salle d'attente ? Elles ont marmonné d'une manière pas très aimable devant mon … impatience ! Elles ont fini par appeler un brancardier qui est arrivé environ 15 autres minutes plus tard ! Il m'a demandé dans quelle chambre j'étais : 408. La tête ailleurs sans doute, il a appuyé sur le bouton qui allait au 1er étage ! là, un groupe de personnes s'est engouffré dans l'ascenseur : elles allaient… dans les sous-sols !

 

  • Pas grave, nous avons le temps

 

a répondu mon brancardier… Inutile de dire que lorsque nous sommes enfin arrivés au 4ème étage, je n'avais qu'une envie : pleurer.

 

Il y a des jours comme ça….

 

 

Le lendemain, j'ai subi ma première infiltration. J'étais terrorisée mais en fait, ça s'est plutôt bien passé. La seconde m'a laissé un souvenir moins agréable avec bcp de douleurs dans le dos, mais il faut souffrir pour espérer guérir…

 

Le surlendemain, j'ai découvert les joies de l'élongation : là aussi, ça été plutôt une bonne surprise.. la première fois. Je m'attendais au pire, donc, ça a été. Le jour suivant par contre, le kiné a tellement serré les sangles qui me maintenaient sur la poitrine que mes côtes flottantes en ont été meurtries et me font encore mal aujourd'hui. Il paraît que ça arrive souvent. Pour les prochaines séances, je le lui ai signalé et il a moins serré heureusement.

Entre temps, j'ai eu la bonne idée un moment d'inaction et il y en avait un certain nombre, de regarder la boite de mes médicaments préparés pour la journée du lendemain et là, grand coup de stress : j'ai réalisé qu'on n'avait pas prévu mon comprimé d'Avlocardyl, un bêta-bloquant que je prend depuis 25 ans contre l'hypertension et que je ne peux pas me permettre d'oublier un seul jour : c'est vital. Pour preuve, lorsque je  subis une intervention chirurgicale, on me le fait prendre avant l'opération ! J'appelle l'infirmière qui vient, hausse un sourcil, vérifie l'ordonnance et voit que le comprimé est bien prescrit. Elle repart et revient avec la boite en disant : voilà.

Oui, voilà pour demain mais pour aujourd'hui ? Est-ce que vous me l'avez donné ? j'ai pris tellement de médicaments depuis que je suis là que je n'ai pas vérifié moi-même. La panique monte en moi. Elle me dit :

 

  • Je suppose qu'on n'a pas fait deux fois la même erreur !

 

Vous supposez ? ça ne me suffit pas ! je veux en être sûre sinon, je vous demande de m'en donner un autre : je préfère le cas échéant en prendre deux que pas du tout, c'est moins risqué. Il n'en n'est pas question a t'elle répondu Ah oui ? Et moi je suis supposée rester là à attendre qu'il se passe quelque chose ? le cachet pour demain est désormais là dans la boite. Je décide de l'avaler. Pour demain, je demande à Christian de m'en ramener de la maison, mais là aussi je suis en colère et pas rassurée, à l'affût du moindre signe anormal.  Entre temps, je prend une feuille de papier et j'écris ce qui vient de se passer.. On ne sait jamais c'est dire si j'ai le moral : S'il m'arrive quelque chose, je veux qu'on sache ce qui s'est passé. Merde alors, pourquoi il m'arrive tout ça ? Est-ce que je deviens paranoïaque ? J'ai perdu toute ma confiance. Je suis fatiguée car je n'ai pu dormir que 3 heures maximum chaque jour de la semaine : une fois que la perfusion était enlevée, je pouvais prendre mon 'Stilnox', mais il y avait probablement une interaction entre tous les médicaments et là, j'étais réveillée comme en plein jour. J'avais l'impression d'être une chouette. Mes yeux tenaient grand ouvert comme tenus par d'invisibles allumettes : Effarant ! J'ai vu tous les programmes de la télé, manœuvré la télécommande du lit dans toutes les positions…. Lorsque je me suis enfin endormie, j'ai dû sortir de mon sommeil : les lumières qui s'allumaient, le bruit des chariots qui s'entrechoquaient, les voix, les pas…. Prise des températures, vérification de la tension, médicaments à avaler, petit déjeuner qu'on amène, plateau qu'on remmène, ménage de la chambre, rangement,.passage du médecin, pose de la perfusion, descente chez les kiné, repas, éventuellement le téléphone qui sonne, les visites : Bref : pas un instant pour risquer de s'endormir ! Vivement le retour à la maison.

 

Les infirmières de nuit…

 

J'ai découvert une espèce que je croyais en voie de disparition : les couples de bonnes copines qui sévissent la nuit. C'est amusant : elles arrivent à se ressembler physiquement : sans doute pour cela qu'elles forment une équipe, mais qu'en est-il des malades ? Je veux parler de ces gens qui sont allongés dans les lits du service plutôt que d'être chez eux dans leur famille et qui ont mal pour la plupart. Pas de pitié pour les malades ! personne ne soupçonne qu'ils pourraient éventuellement avoir envie sinon besoin de se reposer. On ouvre et referme les portes sans  ménagement. On parle haut. On s'appelle d'une chambre à l'autre ou d'un bout à l'autre du couloir. On rigole, on échange. J'ai eu peur le premier soir lorsque celle qui était dans ma chambre a vu Nicolas Sarkozy à la télévision et l'a accablé de toutes les critiques possibles et imaginables. Malgré la douleur, j'avais du mal à ne pas lui demander de la fermer mais je dois avouer que j'ai eu peur des possibles représailles : Elle était debout, j'étais allongée et donc vulnérable. Il m'a fallu me taire….

 

Que dire, sinon sourire avec fatalisme, lorsque la même infirmière vous amène un anti-douleur qu'elle verse dans votre verre positionné sur la table de chevet à votre gauche, qu'elle n'a pas l'idée de verser elle-même la dose d'eau nécessaire et que vous êtes là incapable de bouger à cause de la perfusion ?

 

Au sujet de la perfusion du samedi soir, je m'en souviendrai longtemps. Heureusement, c'était le soir de la Star Academy. Vers 22 h 30, le système s'est bloqué. J'ai sonné. L'infirmière est venue, a remis le truc en route et m'a dit (au cas où j'en aurai eu l'intention) :

 

Pas besoin de sonner lorsque ce sera terminé. Je sais combien de temps il reste et je reviendrai l'enlever.

 

Bon.

 

Le liquide finit de s'écouler et j'attends, le bras tendu.. 15 min, 20 min, 30 min.. Le temps me semble long. Je m'énerve. Pour passer le temps, je suis en ligne directe avec le 72, rue Watteau… Nous comptons les minutes… Laetitia me dit : Sonne !  et moi, je me dis : non, j'attends encore.

 

J'attends combien de temps ? 40, 45 minutes. Une fois de plus, j'ai les nerfs qui craquent. Je commence à en avoir marre de tout ça.

Lorsqu'au bout d'une heure (il est quand même 23 h 30 et je suis crevée : normal : depuis 5 h 30 du matin !), je sonne. L'infirmière vient et me dit :

 

  • Oh ! ça m'était sorti de la tête !

 

Mais pas de mon bras !!!

 

Les boules et on dit que je ne suis pas patiente ?????

 

Enfin, « last but not least »… la nourriture :

 

Je suis gourmande mais je sais être indulgente selon les circonstances : Ce n'était pas un hôtel, un centre de relaxation mais une clinique, mais quand même, là aussi, j'ai joué de malchance. Pendant mon séjour, j'ai eu droit 3 fois à des repas sans sel alors que cela n'était pas justifié. Manger sans sucre ne me demande pas d'efforts : sans sel : c'est le régime le plus efficace : Immangeable. J'ai quand même demandé le pourquoi de la chose. Après vérification, on s'est aperçu qu'il s'agissait d'une erreur. On m'a gentiment amené un petit sachet de sel. Avez-vous jamais essayé de saupoudrer une tranche de pain avec du sel fin ? ou encore une tranche de mimolette ? Pas possible. On m'a apporté un yaourt : je n'ai même pas eu envie de sourire : je suis allergique à la plupart des yaourts.

 

 

Un jour, il y avait un kiwi : Lorsque je l'ai saisi dans ma main, il était tout mou : beurk !

 

Par contre, le soir où j'ai eu : une salade en entrée, puis une autre salade avec un croque-monsieur dans lequel il y avait une demi-tranche d'épaule  (seul le centre du croque était mangeable), le reste était si sec que je ne pouvais pas le découper avec mes couverts : cette nuit-là, j'ai vraiment rêvé de nourriture : même un morceau de pain aurait fait l'affaire.

Pour le dîner du dernier soir, j'ai eu droit (encore une erreur) à un nouveau repas sans sel : Laetitia a eu pitié de moi et m'a apporté un « Menu Big Mac » : Jamais je n'ai autant apprécié un hamburger : J'avais vraiment faim et je l'ai savouré jusqu'à la dernière miette et sans remords.

 

Le comble, c'est qu'un soir la nourriture était vraiment insipide et je n'avais touché à rien malgré ma fringale. La jeune fille est venue récupérer le plateau et sans le regarder m'a dit :

 

  • Oh ! vous avez tout mangé, c'est bien !

 

Elle me prend pour une conne ou quoi ???

 

Tout cela pour dire qu'il vaut mieux ne pas être malade ou avoir une famille très attentive autour de vous. Bonne chance !

 


11/01/2008
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23 Septembre 2000 Chronique d’une vie ordinaire pas si ordinaire 1

 

 

Un ouvrier travaillait dans le sous-bois : Il déterrait et entourait les souches arrachées par la tempête à l'aide d'un engin (type Manitou). Pierre qui avait travaillé seul en haut de l'allée avec le tracteur et la tronçonneuse, revenait car K.T. était allée lui dire que finalement, Mathieu (le copain de Laetitia) ne viendrait pas comme prévu.

 

Je me suis approchée du pré et l'espace d'une seconde, Pierre m'a aperçue. Il savait que l'ouvrier pouvait le voir. Pareil pour K.T.) : il s'est mis à tracer de grands cercles avec le tracteur à toute vitesse (en 3ème dira t'il plus tard). Ce faisant, il a perdu le contrôle de l'engin qui a bondit en avant. J'ai hurlé. C'était comme dans un film au ralenti où je criais de toutes mes forces sans qu'on m'entende. Je hurlais à pleins poumons et ça ne servait à rien. Je le voyais avancer, faucher la barrière blanche et foncer droit sur le cèdre et nos voitures garées à proximité, puis se renverser après avoir écrasé K.T. ou moi, et lui, blessé ou pire encore.. ça été quelques secondes de cauchemar pendant lesquelles il a réussi à maîtriser le tracteur. Il m'a fallu des heures pour calmer ma peur et le pire de tout, c'est que lorsque j'ai raconté la scène à Christian, il n'a pas bronché, juste dit :

 

Quel con ! Quel imbécile !

 

 

J'attendais autre chose mais réflexion faite, qu'aurait'il pu dire d'autre mais sur le coup,  j'ai eu envie d'exploser contre lui parce que je me suis demandée s'il réalisait le danger que Pierre avait couru ?

En ce qui me concerne, j'ai décidé à cet instant précis de ne jamais redemander à Pierre de passer son permis de conduire. Je crois que cela lui serait fatal parce qu'il voudrait faire le malin et ne mesurerait pas les risques, ou alors si, justement parce qu'il les mesurait et que ça lui faisait plaisir de se sentir fort.

J'étais épuisée (mentalement), mais que dire ? Que faire ? Faire semblant que rien ne s'est passé ? Ne pas lui faire prendre conscience du danger ? de la peine qu'il nous faisait ?

 

Hier soir, alors que dînions et parlions des familles nombreuses et des tracas causés par les enfants, Pierre a dit d'une voix douce et pensive, qu'il nous en avait causé beaucoup.

Et ça m'a fait mal de réaliser qu'il s'en rendait compte finalement et que peut-être ça finissait par le blesser aussi, encore que je n'en sois pas certaine, mais c'est dur.


12/01/2008
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Vendredi 4 Juin 2004 :Chronique d’une vie ordinaire pas si ordinaire 2

 

Je me suis assise dans un fauteuil de jardin devant le salon. Mes yeux se portent vers le portail où les rhododendrons ont explosé en d'énormes fleurs. Et l'allée.. L'allée où tout a commencé ou fini le 29 mars de cette année..

 

Ce lundi, il faisait un temps magnifique tout comme le week-end qui venait de passer. Pierre était rentré à la maison depuis le jeudi pour aider Christian car la semaine précédente, je lui avais dit que je voulais bien laver et repasser son linge à condition qu'il aide Christian de temps en temps. Il n'avait rien de prévu ce week-end et même le jeudi puisque son contrat de travail en intérim n'avait pas été renouvelé. Christian avait pris congé le vendredi et chacun avait travaillé avec ardeur de son côté, comme au bon vieux temps.. Le samedi à midi, Laetitia était même venue manger avec nous et c'était sympa de se retrouver tous ensemble à tel point qu'un peu plus tard, tout le monde était parti et Pierre était seul avec moi dans la cuisine. J'en ai profité pour lui dire que j'étais contente qu'il soit là, qu'ils soient tous là parce que quand l'un d'eux manquait, ça n'était pas pareil et qu'il fallait qu'il se batte pour garder sa place entre les  deux filles, parce qu'il avait toujours sa place ici. J'ai senti qu'il était touché parce que ses yeux se sont embués. Il n'a rien dit, mais j'avais compris.

 

Et j'étais heureuse d'avoir pu lui dire ce que je pensais : ce n'était pas la première fois, mais il fallait tellement se bagarrer contre toutes les histoires qu'il inventait que les rapports entre nous étaient difficiles du fait de tous les soucis qu'il nous donnait.

 

Le samedi soir, Jean-Marie, mon beau-frère, est venu manger avec nous. Il a été stupéfait de voir les quantités que Pierre ingurgitait : une machine à engloutir mais il était gourmand et avait travaillé toute la journée et cela faisait partie de ses excès : il était «Monsieur « No Limit ». C'est comme ça qu'il nous a dit avoir avalé une fois 18 flans à la cantine. Il a dû perdre quelques copains !

 

La soirée s'est bien passée. Tout le monde était fatigué mais content.

Dimanche : Pareil. Pierre avait décidé de se remettre à la clôture : Je suis allée discuter un peu avec lui en fin d'après-midi et il m'a montré ce qu'il voulait faire le lendemain : continuer à nettoyer, couper des arbustes et arracher quelques vieilles souches. Là, je lui ai dit comme d'habitude, de ne pas se casser le dos à les arracher (une de plus ou de moins..) mais il m'a répondu avec un peu de condescendance que je lui concédais volontiers, vu que je n'ai rien à prouver côté travail manuel, et qu'il était incontestablement le plus fort sur ce point, qu'il savait comment les arracher.

 

Il m'a dit aussi avec un petit sourire qu'il avait un cadeau pour moi à l'appartement : j'étais surprise car Pierre n'avait jamais ressenti le besoin ni le plaisir de faire des cadeaux , mais ça m'a intriguée et touchée.

 

Le lundi 29 mars au matin, il s'est levé vers 9 h 30 et m'a dit :

 

Je crois bien que je vais rester jusqu'à vendredi soir puisqu'il va faire beau.

J'ai envie de continuer la clôture..

 

Ce faisant, il s'est préparé un grand bol de chocolat chaud dans lequel il a vidé la moitié d'une bombe de chantilly ! Quand je lui ai fait remarquer que ça n'était pas terrible pour son acné, il a haussé les épaules en disant :

 

Bah : je vais dépenser les calories en travaillant

 

Nous avons parlé de ce que j'avais laissé pour midi dans le frigo car je devais partir à Limoges et ne rentrer qu'en fin d'après-midi. Je lui ai dit que j'allais lui préparer des pommes de terre pour accompagner le rôti déjà cuit et il m'a dit, l'air gourmand, de ne pas le faire car il allait les préparer à sa façon en glissant du beurre sous la peau, etc. Ca m'a fait sourire car il était décidément incorrigible de gourmandise. Puis je suis partie.

 

Vers 13 h 30, je l'ai appelé sur son portable. Ça peut sembler bizarre mais j'ai toujours évité de le laisser seul à la maison : ses comportements face à diverses situations étant trop imprévisibles, mais ce jour-là, je n'avais pas le choix car j'avais des rendez-vous professionnels et en principe, Pierre n'aurait pas dû être à la maison : il avait décidé cela au dernier moment en voyant qu'il faisait beau et que le week-end s'était bien passé. En plus, sa mission de travail temporaire était achevée : rien n'exigeait qu'il rentre à Limoges, hormis quelques jours plus tard, l'anniversaire de son copain Loic et le sien quelques jours plus tard.

 

Je suis tombée sur sa messagerie mais ça ne m'a pas inquiétée outre mesure car je savais qu'il n'écoutait pas son portable en permanence. J'ai laissé un message qui disait :

 

Tu ne réponds pas ? Je suppose que tout va bien ! Alors à plus tard. Bisous.

 

J'ai assuré mon rendez-vous avec l'avocate, puis j'ai vu Laetitia, ma fille. Ensuite, je suis allée rejoindre mon mari, Christian à son entreprise où nous avions une réunion d'information sur le voyage en Croatie que nous devions faire dans les semaines qui suivaient. La réunion terminée, nous sommes rentrés chacun avec notre voiture, lui passant par Condat et moi par les quais le long de la Vienne.

 

Il y avait beaucoup de circulation et j'ai changé plusieurs fois de trajet ce qui fait que Christian m'a devancé de quelques minutes. J'arrivais à la hauteur de la zône artisanale quand mon téléphone a sonné. Au bout du fil, Christian qui me disait :

 

-         Il est arrivé un grand malheur…

 

Dans ma tête, les mots résonnaient : Je n'arrivais pas à comprendre : C'est quoi un grand malheur ? Qu'est-ce qu'il me dit là ? En quelques secondes, j'ai imaginé plein de choses. Il n'y a plus de maison ? Mais est-ce ça un grand malheur ? Les mots n'avaient plus de sens. Dans un état second, j'ai entendu Christian qui poursuivait :

 

-         C'est Pierre. Il est mort.

 

Là encore, je n'ai pas compris. J'ai appuyé à fond sur l'accélérateur en hurlant dans le téléphone :

 

-         Ce n'est pas possible ! Ce n'est pas possible

 

Les quelques centaines de mètres qui me séparaient de l'allée, j'ai dû les faire à 100 à l'heure, en hurlant mais toujours sans comprendre. J'ai vu Christian dans l'allée. J'ai vu le tracteur renversé. Mes yeux n'ont vu que le bras et la main qui dépassaient. Ils étaient violacés. Tout était confus dans ma tête : Impossible de penser, de comprendre. Juste crier enlacée avec Christian. Nous sommes restés un long moment  (peut-être juste quelques minutes, impossible de compter le temps) devant la maison à crier et pleurer : Christian hurlait, désespéré :

 

-         Pierre !

 

Puis il ajoutait :

-          

-         Mais quel con ! Pourquoi a t'il fait ça ?

 

Et moi je disais :

 

-         Ne dit pas ça : il voulait juste nous faire plaisir

 

Nous criions et personne ne venait. Personne n'était là. De longues minutes ont passé. Enfin, j'ai appelé les pompiers et là, c'était trop dur d'expliquer, de leur dire qu'il était mort. Quand ils ont demandé mon nom, je ne savais même plus comment je m'appelais. Puis j'ai raccroché. Peu de temps après, il y avait plein de monde et  des voitures rouges, bleues, des uniformes : les pompiers, les gendarmes, la mairie. Tout le monde parlait. J'ai entendu les mots : pompes funèbres, docteur, certificat, etc.

 

Un pompier m'a entraînée dans le salon en me disant de m'asseoir, qu'il allait rester là jusqu'à ce que quelqu'un de la famille arrive, mais qui ? On ne pouvait même pas imaginer qui appeler et surtout pas les filles.

 

J'étais très calme ou plutôt totalement vide. Je ne pensais plus à rien. Le pompier était très gentil et me disait :

 

-         Je ne peux pas vous cacher que c'est très grave mais nous allons essayer de le ranimer.

 

Et moi, je savais que ce n'était pas possible et surtout, je pensais :

 

-         Pourvu qu'il ne reste pas handicapé. Je préfère encore qu'il meure.

 

Le temps nous a semblé interminable. Ma terreur était que Laetitia ou Cathy arrivent ou juste téléphonent. Je ne pouvais ni ne voulais appeler personne tant que Pierre serait encore dans l'allée. Je l'ai dit aux pompiers qui ont mis des hommes en faction au début  de l'allée pour empêcher quiconque d'entrer.

 

Puis quelqu'un est venu me demander des vêtements. A ce moment-là, je ne savais pas encore si je serais capable de monter les escaliers pour aller les chercher. Alors, j'ai décroché une petite tringle dans ma tête et j'ai mis un pied devant l'autre pour pouvoir avancer. Au 1er étage, avant de rentrer dans la chambre bleue, je me suis parlée. Je me suis dit :

 

-         Cette chambre n'est pas celle de Pierre. C'est juste celle qu'il utilisait pendant l'hiver.


C'est ainsi que j'ai pu y pénétrer ce jour-là et par la suite aussi.

-          

J'ai fouillé la pile de vêtements que j'avais repassés la veille. Au dernier moment, je me suis ravisée et j'ai rajouté sa casquette .

 

Deux longues heures se sont écoulées : Interminables. Alors, j'ai appelé ma sœur, Marie-Claire.

 

Lorsque j'ai essayé de lui raconter, je devais être à moitié hystérique. Elle essayait de me calmer et me disait :

 

-         Mais ce n'est pas possible. Ils vont l'emmener à l'hôpital..

 

Et moi, je criais :

 

- Mais non, ; il est mort je te dis.

 

Alors, elle m'a dit la chose la plus incroyable :

 

-         Demain, je serai là.

-          

Et elle a raccroché.

 

J'ai appelé J-Marie qui était resté chez mes beau-parents à F…….c   et je lui ai demandé de venir vite. Il ne comprenait pas non plus. J'ai dû lui dire ce qui venait d'arriver. Trop dur. Trop incompréhensible. Il était en larmes.

 

Pendant ce temps, Christian essayait de joindre ses autres frères dont Jean-Claude qui était sur le point de partir pour Venise.

 

Ensuite, il a fallu se résoudre à appeler les filles ou plutôt Laetitia car Cathy était à la salle de sports et avec tous ses récents problèmes (tentative de suicide quelques mois plus tôt, etc), comment envisager lui asséner une telle nouvelle ? Cela a sans doute été le téléphone le plus difficile de ma vie. Appeler pour dire que plus rien ne sera jamais pareil. Comment prononcer les mots ? Je crois que pendant un instant Laetitia a cru que je parlais de Christian.. Comment dire ce qui vient d'arriver quand on ne peut pas encore y croire ?

 

J'ai appelé Anne-Marie, ma belle-sœur, parce qu'il était important qu'elle soit là avec nous. Nous étions tellement sous le choc que nous n'y croyions pas ou plutôt que nous ne réalisions pas. Nous n'avions même pas mal : c'était comme si nous étions anesthésiés. Un peu plus tard, tout le monde est arrivé. Pas de cris. Peu de larmes : Le choc dans toute sa violence, comme un grand coup qui nous fait tituber. Trop de douleur pour chacun. J'ai préparé du thé, du café. Nous avons demandé à Anne-Marie si Pierre pouvait aller près de sa (vraie) maman qui était décédée 14 ans plus tôt.

 

Sentiment d'irréalité. Nous ne sommes plus de ce monde.

 

Pendant la nuit, Christian a crié sans fin le nom de Pierre, son fils, une partie de lui-même. Et j'avais tellement mal de ne pas pouvoir lui rendre son enfant. Je lui ai fait prendre un calmant et j'ai passé une partie de la nuit au téléphone avec les compagnies d'assurance pour savoir ce qu'il fallait faire et comment ?. Le petit matin est venu et il a fallu affronter la réalité. Notre terreur  était la réaction de beaux-parents à qui il faudrait apprendre la nouvelle avant que d'autres personnes risquent de le faire.

 

Comme des automates, presque sans nous parler, nous avons emprunté l'allée : comment faire autrement ? Il nous a fallu passer devant cette bête orange renversée dans le fossé à quelques dizaines de mètres du portail (le tracteur) : Coup de poignard en plein cœur…

 

Je n'ai que peu de souvenirs de cette journée, hormis qu'il faisait très beau et que ça nous semblait encore plus impossible qu'une chose aussi terrible soit arrivée alors qu'il faisait un temps aussi magnifique. Mécaniquement, sans rien ressentir à l'intérieur, nous sommes partis à Fl……c, torturés par l'idée d'aller annoncer la terrible nouvelle. J-Marie avait déjà pris les devants et si des larmes mêlées d'incompréhension ont coulé, au bout de peu de temps, nous avons réalisé que nous ne pouvions rien faire de plus et nous sommes partis à Nexon à la maison funéraire, le ventre serré.

 

 

Que dire de ce moment-là ? Tout était tellement effroyable que je me demande si on ressent même quelque chose ? Nous sommes entrés dans un petit bureau. J'étais pétrifiée de terreur. Pas d'autre mot. Terreur de ce qui était arrivé et de ce que nous allions voir. L'homme assis en face de nous était plutôt gentil et faisait bien son boulot. Il a énuméré tout ce qu'il allait falloir faire et ce que « eux » pouvaient faire pour nous. Tout nous semblait tellement difficile que nous n'avions qu'une envie : lui demander de s'occuper de tout. Il a proposé de voir des cercueils mais c'était trop nous demander. Il a alors ouvert un catalogue et sans réfléchir ni regarder les prix ou quoi que ce soit d'autre, nous avons pointé du doigt la seconde page.

 

Couleur du satin, poignées ? dorées ou pas ?

 

Autant de questions auxquelles on n'avait jamais pensé avant. Avant hier. Chaque minute qui passait semblait interminable. Je me pétrifiais un peu plus à chaque instant, à l'idée qu'on allait le voir car affronter la mort est une chose très difficile pour moi. Jusqu'à ce jour, j'ai toujours réussi à « esquiver » cette obligation, hormis lorsque mon frère Pascal est parti à 22 » ans dans des conditions difficiles aussi. Mais là, je n'y ai même pas pensé. Il fallait être là, pour lui, pour Christian, pour moi. Lorsqu'on nous a dit que la personne chargée des soins en avait terminé, il a fallu se lever et la suivre dans une petite salle à côté où il reposait. Avancer, ouvrir la porte et regarder.. C'était terrible.

 

La première pensée que j'ai eue, c'était qu'il ressemblait à un pharaon égyptien avec son visage trop maquillé. C'est une pensée qui ne me quittera pas. Et puis, je ne l'ai pas vraiment reconnu. Ce n'était pas lui avec ces lèvres trop épaisses.. Je l'ai dit et la personne a proposé de retirer un peu du maquillage.

 

Nous sommes repartis dans un état second avec une seule pensée en tête : que les filles ne le voient pas comme ça, qu'elles gardent son image intacte, mais elles ont tenu à le revoir. Nous y sommes retournés avec elles et quelque chose avait changé depuis le matin, une sorte de sérénité s'était installée sur lui. Mais quelle douleur de le voir figé pour l'éternité.

 

Impossible de trouver les mots pour décrire ce qu'on ressent dans ces moments-là et là encore, je parle de ma peine, pas de celle de Christian qui devait être incommensurable parce qu'il adorait son fils, parce que c'était SON fils, le fils de M-Andrée, le frère de K.T... Bref, tout ce qu'on peut dire à l'air bien vain. Je ne sais pas comment les heures ont passé ce jour-là.

 

En fin d'après-midi, la porte d'entrée s'est ouverte et derrière, il y avait mes frères et sœurs, Marie, Bernard et Thierry, l'air complètement crevés, mais ils étaient là. Sans réfléchir, ils étaient partis le matin pour être auprès de nous. Ca m'a touchée et m'a fait prendre conscience que quelque chose n'était pas normal : Je crois que dans ma tête tout avait comme séché. Il n'y avait plus de sentiment. Je me sentais tellement vide. Incapable de penser, d'agir, ressentir.. Puis tout le monde est arrivé, les uns après les autres. Le surlendemain était le jour de l'enterrement : c'était le mercredi après-midi. La date avait semblé rapide pour certains mais c'était ça ou le samedi (vu l'agenda du curé) et attendre davantage nous semblait inconcevable puisque tout était irrémédiablement fini. Entre temps, il fallait penser à plein de choses, prévenir ceux qui devaient l'être, prendre les dispositions nécessaires, s'occuper des uns et des autres et surtout ne pas penser. Dans ces moments-là, on est portés par les choses à faire, heureusement peut-être.

 

 

J'ai peu de souvenirs de la cérémonie. Je sais juste que mes yeux n'ont pas quitté le cercueil et les dalles du sol de l'église.. Il y avait du monde, beaucoup de monde. Et tous ces gens qui sont passés devant nous pour nous saluer, murmurer quelques mots : c'était très émouvant. Là où j'ai craqué, c'est quand j'ai réalisé qu'autant de filles de la danse étaient venues ainsi que les copains de Pierre. Tous étaient éprouvés et j'avais mal pour eux aussi car c'était une partie de leur insouciance qui allait partir avec eux. Nous avions choisi une musique qu'il écoutait beaucoup dernièrement et qui semblait prédestinée pour ce moment : un morceau d'Evanescence, « My Immortal ». C'était beau, la musique comme les mots et cette chanson resteront liés à cette journée pour toujours dans mon cœur. Désormais, je ne peux plus l'entendre sans pleurer.


Je me  souviens que la pluie avait dû s'arrêter de tomber : Tiens, il pleuvait donc ? je ne sais pas. Je ne sais plus. Nous avons décidé d'aller au cimetière à pied. C'était presque beau cet accompagnement. Arrivés au cimetière, tout semblait tellement irréel. Le caveau était ouvert. Il allait être près de sa maman. Ç'aurait pu être son rêve : la retrouver.

 

Trop de .. Trop de tout : ça ne se décrit même pas. Plus rien n'a de sens : Tout le monde est dévasté.

 

Puis nous sommes rentrés à la maison. Je ne me souviens même pas si j'étais triste tellement j'étais vidée. J'ai conservé ce sentiment pendant longtemps : Plus rien à l'intérieur. Pas d'émotion : ça évite (provisoirement) d'avoir mal.

 

J'avais presque envie qu'on se retrouve enfin seuls Christian et moi : envie ou peur ? je ne sais pas. Depuis quelques jours, tout était différent : même pas avoir le temps de réaliser ou peut-être était-ce mieux ainsi ?Mais par moments, quand nous nous asseyons forcément autour d'une table pour boire ou manger quelque chose, je leur en voulais presque à tous d'être là, en vie peut-être ? c'était injuste je sais mais j'aurais voulu qu'ils aient mal comme nous à chaque instant, sauf qu'il leur fallait bien décompresser un peu aussi. Que faire ? Ne pas faire ? J'avais peur pour Christian. Chacun s'est installé dans sa peine. Dur de se retrouver tous ensemble : bien obligés d'y penser et à y penser constamment, on gâche chaque instant passé ensemble. C'est un peu comme renier celles qui sont ici (les filles) en ne pensant qu'à Pierre. Alors, faire semblant les quelques instants qu'on passaient ensemble histoire juste de continuer à  vivre ? Cathy a pris ses distances en se rapprochant de plus en plus de son copain de l'époque et de sa famille. Comme elle disait : « nous n'étions pas marrants » ! comment avoir le cœur à ça ? Pour se protéger, elle s'était faite une carapace allant jusqu'à se dire qu'elle n'avait jamais eu de frère : Dur à entendre mais si c'était « SA » manière de survivre, avait-on le droit de l'en empêcher même si pour nous c'était difficile à entendre ? Et surtout, c'était fuir la réalité mais dans ces moments-là, il faut juste survivre au jour le jour, poser un pied devant l'autre, vivre avec cette idée terrible et avec ces images monstrueuses omniprésentes.

 

Pendant ce temps, j'ai laissé Laetitia s'occuper de tout ce qui concernait le boulot : ma seule activité était de m'occuper des formalités (et il y en a) et de me bagarrer avec les assurances. Il fallait aussi vite trouver un moyen de faire enlever ce terrible tracteur de l'allée. Finalement, ça a pu être fait avec l'aide de nos voisins. Restait à passer dans l'allée plusieurs fois par jour…

 

 

Chaque lundi, on se disait :

 

            tu te rends compte ? C'était il y a 1, puis 2, puis 3 semaines 

 

Comment était-ce possible alors qu'on avait le sentiment qu'on ne pourrait pas vivre sans lui ? En fait, la vie continuait : On avait soif et on buvait ; on avait faim et on mangeait même si les choses n'avaient plus la même goût. Il y a des plantes qui se contentent de peu pour ne pas crever : un peu comme nous. C'est peut-être ça l'instinct de survie ?

 


12/01/2008
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Chronique d’une vie ordinaire pas si ordinaire 3

Samedi 18 septembre 2004

 

K.T. est allée à Nexon voir ses grand-parents. Elle est repassée ensuite ce qui m'a quelque peu surprise. Elle m'a prise à part pour me dire très embarrassée qu'elle avait quelque chose pour moi : la casquette de Pierre que Mme Nice lui avait rendue. Ça m'a fait un grand choc de la revoir mais du plaisir aussi parce qu'il me semblait qu'elle revenait là où elle devait être, c'est à dire à la maison, avec nous. Bien sûr, c'est grâce à Anne-Marie (ma belle-sœur) que cela a pu se faire et une fois de plus, je lui en suis très reconnaissante même si j'aurais préféré ne pas impliquer d'autres personnes que moi dans cette triste « affaire ». Je ne pardonnerai pas à Mme Nice son geste. Il est arrivé au pire moment pour moi après qu'il ait fallu faire et subir tant de choses difficiles.. En fait, après le décès de Pierre, chaque fois que nous allions au cimetière, nous passions chez eux pour les réconforter un peu et parce que Christian a besoin de garder ce contact qui lui rappelle Marie Andrée et Pierre  maintenant. Tout se passait bien si l'on peut dire jusqu'au jour où Mme Nice a dit que les Pompes Funèbres l'avaient appelée (ça m'a déjà surprise : Pourquoi l'appeler « elle » alors que nous étions leurs « clients » d'autant plus que ce  n'était pas pour parler des frais pour  enlever ses beau-parents qui étaient dans le caveau puisque c'est nous qui avons réglé cette partie-là aussi – (mais ceci n'a aucune importance tant que Pierre pouvait être près de sa maman), bref. Pour lui dire que je n'avais toujours pas récupéré les affaires de Pierre. Je lui ai dit alors que je ne voulais même pas les voir, qu'ils pouvaient en disposer à l'exception de sa casquette que je leur avais confiée en même temps que ses vêtements, parce que pour moi, elle était très importante du fait qu'il la portait toujours pour travailler ou quand il était là. Elle a alors proposé d'y passer elle-même et de la récupérer, ce que j'ai trouvé gentil de sa part. Ensuite, plus de nouvelles de la casquette. J'avais appelé les Pompes Funèbres qui m'avaient dit qu'elle l'avait récupérée et j'ai commencé à avoir un léger doute, confirmé lorsqu'un peu plus tard, Cathy est passée à Nexon et a fondu en larmes lorsque je lui ai demandé si elle avait récupéré l'objet. Elle m'a alors dit que sa grand-mère avait dit qu'elle ne la rendrait pas mais la garderait pour elle. Cathy était mal parce qu'elle savait l'importance qu'elle avait pour moi. J'ai senti un froid intense m'envahir et une peine immense, et aussi de la colère devant cette injustice. De quelle droit pouvait-elle subtiliser cet objet ? J'ai dit à Cathy de rester en dehors de cela, que cette histoire serait entre sa grand-mère et moi, mais c'était dur. Je ne voulais pas en parler avec Christian car après tout ce qui s'était passé, je trouvais que c'était mesquin d'en arriver là. Je n'ai donc rien dit mais j'ai plongé dans un désespoir encore plus profond dans les jours qui ont suivi. En fait, c'était comme si ce geste était un déclencheur pour mon chagrin. J'a pris sur moi et j'ai appelé Mme Nice très calmement, gentiment et je lui ai expliqué que je tenais spécialement à cet objet et que si elle voulait autre chose, ça ne posait pas de problème, qu'elle pouvait venir choisir dans ses affaires quelque chose qui pourrait lui faire plaisir. Elle m'a répondu froidement : » qu'elle n'avait besoin de rien pour se souvenir de lui (sous-entendus ?), qu'elle avait assez de souvenir pour s'en rappeler.. ». Lesquels ? Pendant les 13 années que nous avons vécus ensemble, elle ne le voyait qu'1 à 2 fois par an (Nouvel-An, Anniversaire parfois ou à l'occasion). Elle ne s'est jamais préoccupé de lui davantage : La seule qui l'a fait, ça été Anne-Marie qui a toujours été là sans faillir depuis le début. Elle a sans doute oublié tout ce qu'il faut vivre au quotidien pour élever un enfant qui vient de perdre sa mère : je pense que nous (Laetitia et moi) lui avons apporté beaucoup à ce moment-là, ne serait-ce que quelque chose pour mettre un peu de piment dans sa vie, ouvrir d'autres horizons et moins penser, moins souffrir. Je n'ai jamais essayé de remplacer M-Andrée et il le savait. J'ai toujours été la deuxième maman et cette place me convenait parfaitement : J'étais même fière qu'ils m'aient adoptée aussi vite (Cathy et lui), fière qu'on ait pu reconstruire quelque chose de très particulier qui étonnait beaucoup de gens. Simplement, on avait voulu reconstruire quelque chose ensemble sans effacer nos passés respectifs. C'est comme ça que sans l'avoir connue, je parlais souvent avec lui de sa « vraie » maman, surtout en cuisinant. Les souvenirs du gourmand qu'il était revenaient à la surface. Souvent, je lui préparais les plats qu'elle avait faits pour lui et ça lui apportait un peu de bonheur. Quand Noël approchait, on mettait souvent des bougies sur une fenêtre ou on allait à St Léonard pour allumer un cierge pour elle. Pareil au moment de son anniversaire. C'était peu de choses mais pour un enfant, c'était beaucoup et c'était nécessaire pour avoir le sentiment de faire quelque chose pour elle, pour dire qu'elle n'était pas oubliée. Et si ça n'effaçait pas le chagrin, ça apportait au moins des petits moments de douceur et ça, ça n'avait  pas de prix.

 

Ma vie n'a pas été facile avec lui car pendant longtemps, outre le fait qu'il était très buté, il faisait aussi preuve d'une grande violence qu'il extériorisait.. parfois contre moi (pas forcément contre moi mais parce que j'étais présente). Parfois, ça a pris des proportions telles que j'ai eu peur de lui. Pourtant, s'il était très introverti, il savait aussi donner de l'amour à sa façon et ça, c'était surtout quand il travaillait ici. Il savait qu'on admirait sa force physique et sa capacité à faire de gros travaux et bien sûr, c'était un domaine où il ne souffrait pas de comparaisons. Il y avait tellement de choses à faire ici qu'il n'avait que l'embarras du choix. Pour lui, ça a aussi été une chance de pouvoir se prouver ce qu'il était capable de faire et s'il le voulait, il pouvait nous étonner autant en bien qu'en mal, malheureusement.

 

Souvent, il nous a pourri la vie, il faut bien l'avouer car à vouloir que tout tourne autour de lui, il n'y avait plus de place pour nous.

 

28 Août 2003

 

Il s'est passé tellement de choses depuis quelques mois que j'ai décidé de les mettre sur le papier parce que j'aurais du mal à me souvenir de tout et chaque jour qui passe, on craint le pire en ce qui concerne Pierre.

 

Samedi 16 Août après-midi

 

A bout de nerfs, je demande à Christian que nous rappelions une nouvelle fois Pierre pour tenter encore une explication. A noter que j'avais déjà craqué plusieurs jours avant, qu'on était allés le voir à l'appartement, lui apporter quelques courses et discuter avec lui, pour lui redire qu'il nous manquait et  que tout ce qu'on voulait, c'était qu'il rouve du travail. On a ajouté qu'il pourrait rentrer à la maison pour le week-end étant entendu qu'il devait consacrer sa semaine à sa recherche d'emploi et nous en tenir informés. Les jours ont passé : Aucune nouvelle. Le week-end est venu, puis est passé : Toujours rien de Pierre. Inutile de dire que nous étions sur les charbons ardents.

 

Donc, le samedi 16 août, nous l'appelons. Là, il apparait complètement déprimé et nous explique qu'il a un problème avec Christian et moi et qu'il ne peut plus nous rencontrer sous peine de se voir renvoyer une image d'échec ! Venir à la maison ? Surtout pas : c'est une prison. Il nous raconte qu'il a même rencontré Christian en voiture rue d'Antony il y a quelques jours et qu'il n'a pas eu envie de le voir, mais plutôt de le fuir (ça ne serait pas plutôt parce qu'il n'était pas supposé être dans ce

quartier à ce moment-là ?), qu'il pense qu'il vaut mieux pour nous de ne pas le voir car il ne sait pas ce qui pourrait se passer (????) Bref : Nous étions ANEANTIS.Après plus d'une heure de discussio, nous lui avons proposé de venir le chercher. Refus catégorique. Nous insistons : Demain ? Oui, mais pas avant 10 h, puis 11 ou même 11 h30.. (il doit se reposer d'une soirée peut-être ?)..Bien... Pour lui éviter le traumatisme de revoir la maison (sic et resic), nous décidons de l'emmener manger au restaurant de Séreilhac à quelques kilomètres. Le repas se passe bien. Pierre est détendu. Il a bon appétit et il mange. Il semble content. Ensuite, nous rentrons à la maison tout à fait normalement. Comme on dit : tout baigne à tel point que nous entamons une conversation détendue dans le salon. Là, il  nous explique plusieurs choses : il est si timide qu'il est incapable d'accomplir des formalités de quelque orre que ce soit : il n'est même pas allé à la CAF pour faire réviser son dossier depuis le mois de Mai (date à laquelle on le lui a demandé). Il nous dit être suivi depuis le début de la semaine par une psychologue bd Gambetta. ce sont des amis (Julien, Florian et Loïck qui l'ont senti tellement mal qu'ils se sont cotisés pour lui payer ses séances de psy (la psychologue en question ferait partie de la famille de Florian et lui ferait un tarif exceptionnellement bas). Il a un autre rendez-vous lundi à 14 h.

Il nous a dit qu'il a vendu son ordinateur à Loïc pour rembourser une prtie de sa dette à la banque : apparemment, il en a aussi au Crédit Agricole et au Crédit Lyonnais.Il doit aussi de l'argent à ses copains. Pour l'ordinateur, ça me fait un peu mal au coeur vu son degré de dépendance à Internet; ça peut être un bon moyen pour décrocher. Son téléphone portable a été coupé, l'autre, je ne sais pas encore.

 

La discussion se passe bien il reconnait avoir des problèmes d'ordre psychiatrique qui ne peuvent se régler qu'avec une aide extérieure. On lui redit qu'on ne le laissera pas tomber s'il fait preuve de bonne volonté, à savoir que nous lui avançons ses loyers que nous lui fournissons sa nourriture et que je m'occupe de son linge dans l'intervalle. La contrepartie est simple : du travail.

 

Lundi matin, Christian imprime ses CV et l'accompagne dans plusieurs agences d'interim pour retirer des dossiers (confirmation donc qu'il n'était même pas inscrit). Il rentre donc à son appartement avec tout son linge (un mois) propre et repassé, après avoir récupéré les vêtements neufs que je n'avais pas pu m'empêcher de lui acheter (bien sûr, pas un mot de remerciement) et trois sacs de courses pour ne pas faire ses recherches d'emploi le ventre vide : normal;

 

Christian le dépose chez lui pour remplir ses dossiers et nous tenir informés au jour le jour de ses démarches. Il n'appellera pas.

 

Le mercredi matin (20 Août), nous avons rendez-vous à B-Palissy : Nous en profitons pour sonner chez Pierre. Il est 9 h 30; Il ne répond pas et se manifeste seulement au bout d'un long moment en disant qu'il était sous la douche : on n'a pas entendu l'eau couler. 5 min plus tard, nous étions toujours sur le paillasson et nous commencions à nous énerver.Il a répondu qu'il s'habillait. Nous avons attendu plus de 15 min devant sa porte. Quand il l'a ouverte, il a vite éteint la lumière derrière lui (pourquoi ?) et refermé la porte à clé en disant :

 

- je pars : j'ai un rendez-vous !

 

Depuis, aucune nouvelle.

Que penser sinon qu'il a des choses à cacher. Que lui dire qu'on ne lui a pas déjà dit ? Comment l'obliger à faire ce qu'il n'a pas envie de faire ?

J'avais oublié le meilleur : Dimanche en fin d'après-midi, Pierre se décide à ramasser une partie des branches de sapin que Christian avait coupées, les rassemble au pied d'un arbre mort mais toujours debout. Un peu plus tard, j'entends un bruit étrange. Croyant à une averse violente (comme des crépitements), je sors de la maison et je vois une énorme torche de feu : Pierre avait arrosé le tas de gazoil et y avait mis le feu. Pendant quelques instants, j'ai été terrifiée : Christian aussi. Des braises volaient sur les herbes sèches de la clôture et risquaient d'enflammer tous les arbres Le notaire, notre voisin, est arrivé à toute vitesse, affolé à l'idée (partagée) que tout allait brûler, y compris sa maison. Christian courrait pour essayer d'éteindre le feu : Pierre ne bougeait pas d'un pouce. Il regardait faciné et il dit au notaire :

 

- c'est beau un arbre qui brûle.

Le notaire n'en croyait pas ses oreilles : Nous avons eu une chance inouie qu'un gros orage arrive et finisse par éteindre le feu avant que l'allée et le sous-bois s'embrasent, mais nous avons eu la peur de notre vie...... ENCORE UNE FOIS !

 

23 Dec 2003

 

A deux pas de Noël, nouveau clash : Dieu sait pour quelle raison, depuis quelque temps, quelque chose me titillait : mauvais signe... suite à tout ce qui s'est passé en Novembre avec Pierre et celui-ci n'ayant toujours pas reçu d'accusé de réception de sa candidature à la gendarmerie, j'ai décidé de vérifiere : Et là, même si je m'y attendais, coup sur la tête ! J'ai eu la confirmation (après vérifications) qu'il n'avait même pas déposé de dossier à la gendarmerie et encore moins passé le concours ! La gendarmerie a même tenté plusieurs fois de le joindre.; sans succès C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et combien de fois a t'il débordé toutes ces années ?Hier, j'ai passé deux heures chez un psychiâtre à Esquirol : Pas facile d'accepter de faire cette démarche mais j'étais tellement à bout dans tous les domaines (Pierre, K.T., le boulot) que je ne peux plus m'y retrouver toute seule. J'ai l'impression d'être rongée de l'intérieur avec tous ces soucis. Concernant Pierre, je suis tellement en colère, déçue, dégoûtée.. Je ne sais même plus quoi dire.. Comment Noël va t'il se passer ? ça a l'air futile de penser à ça : en fait, ça ne dure que quelques heures mais voilà, on avait vraiment besoin de se détendre un peu et là, je crains que ça ne soit pas possible. Christian est anéanti bien sûr, Laetitia est en colère, K.T. aussi : Qui ne le serait pas ? on a vraiment l'impression qu'il se fout de nous constamment. Rien n'y a jamais fait : la discussion, la fâcherie, la compréhension, etc : rien. Il ment en permanence même s'il sait qu'il sera pris un jour ou l'autre. En attendant, la grande question reste : De quoi vit-il puisqu'il sort beaucoup (cinéma avec des copains mercredi, soirée fac jeudi, une autre samedi jusqu'à 4 ou 5 h du matin : dure la vie..) et avec quel argent puisque nous ne lui en donnons plus ? Quand on lui pose la question, il répond que ce sont ses copains (Julien et Loïc qui paient pour lui) : Pourquoi le feraient-ils et aussi longtemps ? En échange de quoi ? Il nous explique avec force détails que tout est gratuit pour lui. Pareil pour les achats qu'il avait faits : des affaires extraordinaires :Comme la psy m'a dit hier, il faut mettre des limites au delà esquelles nous n'irons plus : Qu'il assume les conséquences de ses actes sauf que c'est la veille de Noël ou alors, c'est que nous sommes des mous (ou juste des parents) : va falloir trouver le terme approprié.

 

Le pire, c'est que je me dis qu'au fond je crois qu'on a peur de lui : Christian dit qu'il est psychopathe et qu'il est capable du pire. C'est terrible à dire mais je ne suis pas sûre qu'il ait tort et comme il est très intelligent et manipulateur, il est dangereux. Il me rappelle quelqu'un du même prénom et ça n'est pas fait pour me rassurer. Ma patience est à bout et mes forces aussi même s'il va probablement m'en falloir encore beaucoup pour supporter ce qui est à venir.. Peut-être que ce que je redoute le plus ce sont les critiques du côté de mes beau-parents qui ne vont pas manquer, du style :

 

- mais il faudrait l'aider ce petit !

- ce n'est pas un brigand, juste un petit coquin !

 

J'ai envie d'hurler : Et si on comptail les heures, les journées, les nuits sans sommeil à cause de lui ? Sans parler des dettes qu'il a fallu couvrir, mais tout ça était normal... Peut-être que s'ils n'avaient pas toujours couvert et excusé tout ce qu'il faisait (et c'était grave quand même quand il m'a cassé le nez à coups de tête le jour où je lui ai reproché d'avoir fait pipi à côté des toilettes ou quand il m'a bousculée dans le bureau de Clairbois (j'ai eu un énorme hématome pendant des semaines et je n'ai jamais eu la moindre excuse : "le pauvre petit, avec tout ce qu'il avait subi.." (la perte de sa mère) mais même si c'est la pire des choses qui puisse arriver à un enfant, c'est aussi arrivé à d'autres qui ne se comportent pas comme lui. Je crois que plus d'une fois il a mis notre vie de couple en danger. D'autres femmes se seraient sauvées .. et elles auraient peut-être eu raison.. Que faire ? Qu'exiger de Christian ? C'est son fils mais pourquoi ne nous respecte t'il pas ?Pourquoi agit-il ainsi car en plus, je sais qu'il nous aime.. J'en ai assez de jouer aux devinettes ou à l'apprentie-psy.

 

En quelques semaines, j'ai perdu plusieurs kg et si ça aurait pu me faire plaisir en temps normal, j'ai eu très peur parce que j'ai pensé que je ne pourrais pas contrôler.. C'est pour  ça que je suis allée voir le docteur T. de St Léonard qui m'a envoyée en urgence voir ce psy.

 

Trop, c'est trop : ça s'appelle Dépression ou Stress : ou les deux. En tous cas, ils me bouffent vivantes.

 

 

 


12/01/2008
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Chronique d’une vie ordinaire pas si ordinaire 4

Lundi 20 septembre 2004:

 

Retour dans le passé ? Désagréable sentiment de déjà-vu avec KT qui pour une fois, était à la maison pour souper. Elle devait corriger son C.V. pour un entretien qu'elle a Jeudi à France Telecom et est redevenue très désagréable (c'est le moins qu'on puisse dire) envers Christian qui lui proposait son aide. Exactement comme lorsqu'elle faisait son rapport ou ses autres devoirs.. Elle sait tout, n'a besoin de personne, s'énerve, est blessante, injuste. J'ai eu un nœud à l'estomac toute la soirée comme au bon vieux temps… Christian aussi. J'ai épié chaque bruit qui venait de l'étage. Bref, une soirée cool.. Plus tard, je suis montée pour voir ce qu'il en était. Surprise : Elle allait parfaitement bien… : Nous, pas. Je ne veux pas revivre cet épisode douloureux qui nous a bouffé des mois de notre vie.

 

Pour comprendre, petit saut dans le passé :

 

Nov 2001 : Début des vrais problèmes. On suspecte un début de déprime quand on apprend qu'elle manque des cours en faisant de fausses lettres d'excuses signées par moi ! (Décidément : ils m'auront tous fait le coup !). En réalité, elle va rejoindre des garçons du Lycée J-Monnet et se taille une belle réputation  en se faisant sauter sur les parkings et autres : ça fait mal de dire ça, mais c'est la vérité.

 

Elle se maquille beaucoup, s'habille provocante, parle très fort : bref, ce n'est plus la KT que nous connaissons. A la maison, elle reste pourtant la même. A l'école, les résultats sont catastrophiques. je suis furieuse car j'étais opposée à ce qu'elle aille au Lycée Valadon : Elle a réussi à persuader Christian qui s'est laissé fléchir.. contre mon gré.

 

Mars 2002

 

Elle manque de se faire violer sur le parking devant le Lycée Renoir où elle est interne (en étant demi-pensionnaire  Valadon). par une troupe de "copains" : Réaction : Terreur : Elle réalise enfin le danger de la situation. On l'extrait immédiatement du lycée et on essaie de lui faire couper les ponts avec tout le monde.

Dans les semaines qui suivent, elle se sent mal à la maison : elle ne nous le dit pas mais un jour, Christian la retrouve à la gare de Limoges soi-disant perdue : elle ne savait pas où elle allait mais elle partait.

Nous vivons dans la peur de ce qu'elle pourrait faire.

 

Laetitia lui propose d'aller chez elle pour essayer de la canaliser durant la semaine et  de rentrer à la maison le week-end. Inutile de dire que nous sommes atterrés par la tournure que prennent les évènements. Elle quitte la maison du jour au lendemain presque sans nous regarder. ça fait très mal. On a l'impression qu'elle veut vivre sa vie sans nous. On essaie de comprende, mais c'est dur. On a l'impression d'être des étrangers. Elle nous regarde de haut, nous provoque. Le contact est rompu pour plusieurs semaines. Quand elle vient à la maison, elle reste très détachée, nous fait sentir qu'elle est obligée de venir à la maison le week-end et quand elle est là, n'attend qu'une chose : Partir.

 

 

Avril 2002

Première rencontre avec un psy (V. B.....ch).. sauf que les prochains rendez-vous lui seront donnés pour beaucoup plus tard, que la psy la recevra entre deux portes, visiblement pressée, qu'au dernier moment elle annulera ses rendez-vous (quand elle sera déjà dans la salle d'attente), d'où frustration supplémentaire, impression de ne pas compter, de ne pas être prise au sérieux. Grosse déception donc car elle attendait beaucoup de ces rendez-vous (comme nous). Elle n'y remettra plus les pieds.

 

Juillet 2002

 

Elle commence à travailler chez L.....d : énorme choc. On apprend que pendant un week-end, elle a raconté qu'elle a été violée dans une discothèque. Police, CHU, etc : tout ça pour qu'au bout il s'avère... qu'elle avait menti : c'est elle qui avait fait des propositions non déguisées à un videur et s'était quasiment faite sauter sous les yeux d'autres personnes. Elle reconnaitra avoir menti ? ne plus se souvenir ? La personne qui a accepté ses avances perdra son boulot et la boîte a risqué la fermeture administrative.

Psychiâtre du CHU (urgence : Dr Hermann) : séances d'hypnose : Elle dit que ça lui fait du bien. Christian et moi l'accompagnons à tour de rôle sur la demande du médecin pour éviter tout éventuel problème. Elle nous a demandé pardon, dit qu'elle regrettait de nous avoir fait du mal, etc.

 

Travail chez L.....d : Il se passe bien sauf qu'il faut lui préciser dans quelle tenue elle doit aller travailler (décolletés provocants, etc).

 

Novembre 2002

 

Achats sans compter

Boulimie : Elle avale de grandes quantités de nourriture, cache la nourriture, mange en cachette

Pas de soin pour elle-même : néglige sa toilette, porte toujours les mêmes vêtements, se coiffe à peine

Linge sale (surtout sous-vêtements) retrouvés dans des sacs, dans des armoires au milieu du linge propre

Auto-destruction : se gifle violemment le visage (apparemment depuis des années : on ne s'en est jamais aperçus : pas de marques : je l'ai vue faire : terrifiant

Se sent nulle

Fatiguée

pertes de mémoire

Pas de concentration

Irritabilité surtout vis à vis de christian

Change d'humeur d'une seconde à l'autre, claque les portes, pleure à gros sanglots souvent sans larmes

Se laisse tomber sur le sol comme une poupée de chiffon

 

Ensuite, s'en veut d'avoir fait tout ça parce qu'elle nous aime et qu'apparemment, ça ne lui arrive qu'à la maison.

Pourtant, il y a déjà eu des antécédents à son école : multiples accrochages avec les "copines" qui prennent des proportions démesurées. Un jour , tout va mal depuis le matin : sa carte bancaire est avalée par le distributeur. Elle pense que l'institutrice auprès de laquelle elle fait un stage n'est pas sympa avec elle.. En fin d'après-midi, je l'appelle pour lui dire que je suis fâchée parce que je viens de découvrir l'état de ses placards et que ce soir, elle va devoir y mettre de l'ordre.

Tentative de suicide.

Semaines de discussions. Nous sommes très attentifs et anxieux.

 

 

 

 

ATTENTION : Pas évident, mais ça continue page 1/8 à 8/8 juste en dessous


12/01/2008
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