Une histoire vraie : une vraie histoire : Mimi's story

Chronique d’une vie ordinaire pas si ordinaire 3

Samedi 18 septembre 2004

 

K.T. est allée à Nexon voir ses grand-parents. Elle est repassée ensuite ce qui m'a quelque peu surprise. Elle m'a prise à part pour me dire très embarrassée qu'elle avait quelque chose pour moi : la casquette de Pierre que Mme Nice lui avait rendue. Ça m'a fait un grand choc de la revoir mais du plaisir aussi parce qu'il me semblait qu'elle revenait là où elle devait être, c'est à dire à la maison, avec nous. Bien sûr, c'est grâce à Anne-Marie (ma belle-sœur) que cela a pu se faire et une fois de plus, je lui en suis très reconnaissante même si j'aurais préféré ne pas impliquer d'autres personnes que moi dans cette triste « affaire ». Je ne pardonnerai pas à Mme Nice son geste. Il est arrivé au pire moment pour moi après qu'il ait fallu faire et subir tant de choses difficiles.. En fait, après le décès de Pierre, chaque fois que nous allions au cimetière, nous passions chez eux pour les réconforter un peu et parce que Christian a besoin de garder ce contact qui lui rappelle Marie Andrée et Pierre  maintenant. Tout se passait bien si l'on peut dire jusqu'au jour où Mme Nice a dit que les Pompes Funèbres l'avaient appelée (ça m'a déjà surprise : Pourquoi l'appeler « elle » alors que nous étions leurs « clients » d'autant plus que ce  n'était pas pour parler des frais pour  enlever ses beau-parents qui étaient dans le caveau puisque c'est nous qui avons réglé cette partie-là aussi – (mais ceci n'a aucune importance tant que Pierre pouvait être près de sa maman), bref. Pour lui dire que je n'avais toujours pas récupéré les affaires de Pierre. Je lui ai dit alors que je ne voulais même pas les voir, qu'ils pouvaient en disposer à l'exception de sa casquette que je leur avais confiée en même temps que ses vêtements, parce que pour moi, elle était très importante du fait qu'il la portait toujours pour travailler ou quand il était là. Elle a alors proposé d'y passer elle-même et de la récupérer, ce que j'ai trouvé gentil de sa part. Ensuite, plus de nouvelles de la casquette. J'avais appelé les Pompes Funèbres qui m'avaient dit qu'elle l'avait récupérée et j'ai commencé à avoir un léger doute, confirmé lorsqu'un peu plus tard, Cathy est passée à Nexon et a fondu en larmes lorsque je lui ai demandé si elle avait récupéré l'objet. Elle m'a alors dit que sa grand-mère avait dit qu'elle ne la rendrait pas mais la garderait pour elle. Cathy était mal parce qu'elle savait l'importance qu'elle avait pour moi. J'ai senti un froid intense m'envahir et une peine immense, et aussi de la colère devant cette injustice. De quelle droit pouvait-elle subtiliser cet objet ? J'ai dit à Cathy de rester en dehors de cela, que cette histoire serait entre sa grand-mère et moi, mais c'était dur. Je ne voulais pas en parler avec Christian car après tout ce qui s'était passé, je trouvais que c'était mesquin d'en arriver là. Je n'ai donc rien dit mais j'ai plongé dans un désespoir encore plus profond dans les jours qui ont suivi. En fait, c'était comme si ce geste était un déclencheur pour mon chagrin. J'a pris sur moi et j'ai appelé Mme Nice très calmement, gentiment et je lui ai expliqué que je tenais spécialement à cet objet et que si elle voulait autre chose, ça ne posait pas de problème, qu'elle pouvait venir choisir dans ses affaires quelque chose qui pourrait lui faire plaisir. Elle m'a répondu froidement : » qu'elle n'avait besoin de rien pour se souvenir de lui (sous-entendus ?), qu'elle avait assez de souvenir pour s'en rappeler.. ». Lesquels ? Pendant les 13 années que nous avons vécus ensemble, elle ne le voyait qu'1 à 2 fois par an (Nouvel-An, Anniversaire parfois ou à l'occasion). Elle ne s'est jamais préoccupé de lui davantage : La seule qui l'a fait, ça été Anne-Marie qui a toujours été là sans faillir depuis le début. Elle a sans doute oublié tout ce qu'il faut vivre au quotidien pour élever un enfant qui vient de perdre sa mère : je pense que nous (Laetitia et moi) lui avons apporté beaucoup à ce moment-là, ne serait-ce que quelque chose pour mettre un peu de piment dans sa vie, ouvrir d'autres horizons et moins penser, moins souffrir. Je n'ai jamais essayé de remplacer M-Andrée et il le savait. J'ai toujours été la deuxième maman et cette place me convenait parfaitement : J'étais même fière qu'ils m'aient adoptée aussi vite (Cathy et lui), fière qu'on ait pu reconstruire quelque chose de très particulier qui étonnait beaucoup de gens. Simplement, on avait voulu reconstruire quelque chose ensemble sans effacer nos passés respectifs. C'est comme ça que sans l'avoir connue, je parlais souvent avec lui de sa « vraie » maman, surtout en cuisinant. Les souvenirs du gourmand qu'il était revenaient à la surface. Souvent, je lui préparais les plats qu'elle avait faits pour lui et ça lui apportait un peu de bonheur. Quand Noël approchait, on mettait souvent des bougies sur une fenêtre ou on allait à St Léonard pour allumer un cierge pour elle. Pareil au moment de son anniversaire. C'était peu de choses mais pour un enfant, c'était beaucoup et c'était nécessaire pour avoir le sentiment de faire quelque chose pour elle, pour dire qu'elle n'était pas oubliée. Et si ça n'effaçait pas le chagrin, ça apportait au moins des petits moments de douceur et ça, ça n'avait  pas de prix.

 

Ma vie n'a pas été facile avec lui car pendant longtemps, outre le fait qu'il était très buté, il faisait aussi preuve d'une grande violence qu'il extériorisait.. parfois contre moi (pas forcément contre moi mais parce que j'étais présente). Parfois, ça a pris des proportions telles que j'ai eu peur de lui. Pourtant, s'il était très introverti, il savait aussi donner de l'amour à sa façon et ça, c'était surtout quand il travaillait ici. Il savait qu'on admirait sa force physique et sa capacité à faire de gros travaux et bien sûr, c'était un domaine où il ne souffrait pas de comparaisons. Il y avait tellement de choses à faire ici qu'il n'avait que l'embarras du choix. Pour lui, ça a aussi été une chance de pouvoir se prouver ce qu'il était capable de faire et s'il le voulait, il pouvait nous étonner autant en bien qu'en mal, malheureusement.

 

Souvent, il nous a pourri la vie, il faut bien l'avouer car à vouloir que tout tourne autour de lui, il n'y avait plus de place pour nous.

 

28 Août 2003

 

Il s'est passé tellement de choses depuis quelques mois que j'ai décidé de les mettre sur le papier parce que j'aurais du mal à me souvenir de tout et chaque jour qui passe, on craint le pire en ce qui concerne Pierre.

 

Samedi 16 Août après-midi

 

A bout de nerfs, je demande à Christian que nous rappelions une nouvelle fois Pierre pour tenter encore une explication. A noter que j'avais déjà craqué plusieurs jours avant, qu'on était allés le voir à l'appartement, lui apporter quelques courses et discuter avec lui, pour lui redire qu'il nous manquait et  que tout ce qu'on voulait, c'était qu'il rouve du travail. On a ajouté qu'il pourrait rentrer à la maison pour le week-end étant entendu qu'il devait consacrer sa semaine à sa recherche d'emploi et nous en tenir informés. Les jours ont passé : Aucune nouvelle. Le week-end est venu, puis est passé : Toujours rien de Pierre. Inutile de dire que nous étions sur les charbons ardents.

 

Donc, le samedi 16 août, nous l'appelons. Là, il apparait complètement déprimé et nous explique qu'il a un problème avec Christian et moi et qu'il ne peut plus nous rencontrer sous peine de se voir renvoyer une image d'échec ! Venir à la maison ? Surtout pas : c'est une prison. Il nous raconte qu'il a même rencontré Christian en voiture rue d'Antony il y a quelques jours et qu'il n'a pas eu envie de le voir, mais plutôt de le fuir (ça ne serait pas plutôt parce qu'il n'était pas supposé être dans ce

quartier à ce moment-là ?), qu'il pense qu'il vaut mieux pour nous de ne pas le voir car il ne sait pas ce qui pourrait se passer (????) Bref : Nous étions ANEANTIS.Après plus d'une heure de discussio, nous lui avons proposé de venir le chercher. Refus catégorique. Nous insistons : Demain ? Oui, mais pas avant 10 h, puis 11 ou même 11 h30.. (il doit se reposer d'une soirée peut-être ?)..Bien... Pour lui éviter le traumatisme de revoir la maison (sic et resic), nous décidons de l'emmener manger au restaurant de Séreilhac à quelques kilomètres. Le repas se passe bien. Pierre est détendu. Il a bon appétit et il mange. Il semble content. Ensuite, nous rentrons à la maison tout à fait normalement. Comme on dit : tout baigne à tel point que nous entamons une conversation détendue dans le salon. Là, il  nous explique plusieurs choses : il est si timide qu'il est incapable d'accomplir des formalités de quelque orre que ce soit : il n'est même pas allé à la CAF pour faire réviser son dossier depuis le mois de Mai (date à laquelle on le lui a demandé). Il nous dit être suivi depuis le début de la semaine par une psychologue bd Gambetta. ce sont des amis (Julien, Florian et Loïck qui l'ont senti tellement mal qu'ils se sont cotisés pour lui payer ses séances de psy (la psychologue en question ferait partie de la famille de Florian et lui ferait un tarif exceptionnellement bas). Il a un autre rendez-vous lundi à 14 h.

Il nous a dit qu'il a vendu son ordinateur à Loïc pour rembourser une prtie de sa dette à la banque : apparemment, il en a aussi au Crédit Agricole et au Crédit Lyonnais.Il doit aussi de l'argent à ses copains. Pour l'ordinateur, ça me fait un peu mal au coeur vu son degré de dépendance à Internet; ça peut être un bon moyen pour décrocher. Son téléphone portable a été coupé, l'autre, je ne sais pas encore.

 

La discussion se passe bien il reconnait avoir des problèmes d'ordre psychiatrique qui ne peuvent se régler qu'avec une aide extérieure. On lui redit qu'on ne le laissera pas tomber s'il fait preuve de bonne volonté, à savoir que nous lui avançons ses loyers que nous lui fournissons sa nourriture et que je m'occupe de son linge dans l'intervalle. La contrepartie est simple : du travail.

 

Lundi matin, Christian imprime ses CV et l'accompagne dans plusieurs agences d'interim pour retirer des dossiers (confirmation donc qu'il n'était même pas inscrit). Il rentre donc à son appartement avec tout son linge (un mois) propre et repassé, après avoir récupéré les vêtements neufs que je n'avais pas pu m'empêcher de lui acheter (bien sûr, pas un mot de remerciement) et trois sacs de courses pour ne pas faire ses recherches d'emploi le ventre vide : normal;

 

Christian le dépose chez lui pour remplir ses dossiers et nous tenir informés au jour le jour de ses démarches. Il n'appellera pas.

 

Le mercredi matin (20 Août), nous avons rendez-vous à B-Palissy : Nous en profitons pour sonner chez Pierre. Il est 9 h 30; Il ne répond pas et se manifeste seulement au bout d'un long moment en disant qu'il était sous la douche : on n'a pas entendu l'eau couler. 5 min plus tard, nous étions toujours sur le paillasson et nous commencions à nous énerver.Il a répondu qu'il s'habillait. Nous avons attendu plus de 15 min devant sa porte. Quand il l'a ouverte, il a vite éteint la lumière derrière lui (pourquoi ?) et refermé la porte à clé en disant :

 

- je pars : j'ai un rendez-vous !

 

Depuis, aucune nouvelle.

Que penser sinon qu'il a des choses à cacher. Que lui dire qu'on ne lui a pas déjà dit ? Comment l'obliger à faire ce qu'il n'a pas envie de faire ?

J'avais oublié le meilleur : Dimanche en fin d'après-midi, Pierre se décide à ramasser une partie des branches de sapin que Christian avait coupées, les rassemble au pied d'un arbre mort mais toujours debout. Un peu plus tard, j'entends un bruit étrange. Croyant à une averse violente (comme des crépitements), je sors de la maison et je vois une énorme torche de feu : Pierre avait arrosé le tas de gazoil et y avait mis le feu. Pendant quelques instants, j'ai été terrifiée : Christian aussi. Des braises volaient sur les herbes sèches de la clôture et risquaient d'enflammer tous les arbres Le notaire, notre voisin, est arrivé à toute vitesse, affolé à l'idée (partagée) que tout allait brûler, y compris sa maison. Christian courrait pour essayer d'éteindre le feu : Pierre ne bougeait pas d'un pouce. Il regardait faciné et il dit au notaire :

 

- c'est beau un arbre qui brûle.

Le notaire n'en croyait pas ses oreilles : Nous avons eu une chance inouie qu'un gros orage arrive et finisse par éteindre le feu avant que l'allée et le sous-bois s'embrasent, mais nous avons eu la peur de notre vie...... ENCORE UNE FOIS !

 

23 Dec 2003

 

A deux pas de Noël, nouveau clash : Dieu sait pour quelle raison, depuis quelque temps, quelque chose me titillait : mauvais signe... suite à tout ce qui s'est passé en Novembre avec Pierre et celui-ci n'ayant toujours pas reçu d'accusé de réception de sa candidature à la gendarmerie, j'ai décidé de vérifiere : Et là, même si je m'y attendais, coup sur la tête ! J'ai eu la confirmation (après vérifications) qu'il n'avait même pas déposé de dossier à la gendarmerie et encore moins passé le concours ! La gendarmerie a même tenté plusieurs fois de le joindre.; sans succès C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et combien de fois a t'il débordé toutes ces années ?Hier, j'ai passé deux heures chez un psychiâtre à Esquirol : Pas facile d'accepter de faire cette démarche mais j'étais tellement à bout dans tous les domaines (Pierre, K.T., le boulot) que je ne peux plus m'y retrouver toute seule. J'ai l'impression d'être rongée de l'intérieur avec tous ces soucis. Concernant Pierre, je suis tellement en colère, déçue, dégoûtée.. Je ne sais même plus quoi dire.. Comment Noël va t'il se passer ? ça a l'air futile de penser à ça : en fait, ça ne dure que quelques heures mais voilà, on avait vraiment besoin de se détendre un peu et là, je crains que ça ne soit pas possible. Christian est anéanti bien sûr, Laetitia est en colère, K.T. aussi : Qui ne le serait pas ? on a vraiment l'impression qu'il se fout de nous constamment. Rien n'y a jamais fait : la discussion, la fâcherie, la compréhension, etc : rien. Il ment en permanence même s'il sait qu'il sera pris un jour ou l'autre. En attendant, la grande question reste : De quoi vit-il puisqu'il sort beaucoup (cinéma avec des copains mercredi, soirée fac jeudi, une autre samedi jusqu'à 4 ou 5 h du matin : dure la vie..) et avec quel argent puisque nous ne lui en donnons plus ? Quand on lui pose la question, il répond que ce sont ses copains (Julien et Loïc qui paient pour lui) : Pourquoi le feraient-ils et aussi longtemps ? En échange de quoi ? Il nous explique avec force détails que tout est gratuit pour lui. Pareil pour les achats qu'il avait faits : des affaires extraordinaires :Comme la psy m'a dit hier, il faut mettre des limites au delà esquelles nous n'irons plus : Qu'il assume les conséquences de ses actes sauf que c'est la veille de Noël ou alors, c'est que nous sommes des mous (ou juste des parents) : va falloir trouver le terme approprié.

 

Le pire, c'est que je me dis qu'au fond je crois qu'on a peur de lui : Christian dit qu'il est psychopathe et qu'il est capable du pire. C'est terrible à dire mais je ne suis pas sûre qu'il ait tort et comme il est très intelligent et manipulateur, il est dangereux. Il me rappelle quelqu'un du même prénom et ça n'est pas fait pour me rassurer. Ma patience est à bout et mes forces aussi même s'il va probablement m'en falloir encore beaucoup pour supporter ce qui est à venir.. Peut-être que ce que je redoute le plus ce sont les critiques du côté de mes beau-parents qui ne vont pas manquer, du style :

 

- mais il faudrait l'aider ce petit !

- ce n'est pas un brigand, juste un petit coquin !

 

J'ai envie d'hurler : Et si on comptail les heures, les journées, les nuits sans sommeil à cause de lui ? Sans parler des dettes qu'il a fallu couvrir, mais tout ça était normal... Peut-être que s'ils n'avaient pas toujours couvert et excusé tout ce qu'il faisait (et c'était grave quand même quand il m'a cassé le nez à coups de tête le jour où je lui ai reproché d'avoir fait pipi à côté des toilettes ou quand il m'a bousculée dans le bureau de Clairbois (j'ai eu un énorme hématome pendant des semaines et je n'ai jamais eu la moindre excuse : "le pauvre petit, avec tout ce qu'il avait subi.." (la perte de sa mère) mais même si c'est la pire des choses qui puisse arriver à un enfant, c'est aussi arrivé à d'autres qui ne se comportent pas comme lui. Je crois que plus d'une fois il a mis notre vie de couple en danger. D'autres femmes se seraient sauvées .. et elles auraient peut-être eu raison.. Que faire ? Qu'exiger de Christian ? C'est son fils mais pourquoi ne nous respecte t'il pas ?Pourquoi agit-il ainsi car en plus, je sais qu'il nous aime.. J'en ai assez de jouer aux devinettes ou à l'apprentie-psy.

 

En quelques semaines, j'ai perdu plusieurs kg et si ça aurait pu me faire plaisir en temps normal, j'ai eu très peur parce que j'ai pensé que je ne pourrais pas contrôler.. C'est pour  ça que je suis allée voir le docteur T. de St Léonard qui m'a envoyée en urgence voir ce psy.

 

Trop, c'est trop : ça s'appelle Dépression ou Stress : ou les deux. En tous cas, ils me bouffent vivantes.

 

 

 



12/01/2008
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